En ce temps-là, la forêt de Blanchefort n’existait pas. A la place, il y avait une ville peuplée de riches oisifs dont
les somptueuses villas s’étageaient jusque sur les flancs du Puy d’Arial.
Qui étaient vraiment les habitants de la cité? Des bandits de grands chemins ayant échappé à la justice royale, des
pilleurs de trésors? Personne ne le savait. En tout cas, ils étaient asociaux et irascibles; ils n’aimaient ni les vieillards, ni les en- fants, ni les pauvres. Tous étaient exclus de la belle cité, excepté une vieille femme qui avait toujours refusé de s’en aller et vi- vait là en compagnie de sa chèvre blanche Bichette, dans une cabane au bord du Brezou.
Un jour, un anachorète déguisé en mendiant vint demander asile à Blanchefort. Seule la bonté de la vieille femme le sauva des chiens lancés à ses trousses, et elle lui conta l’histoire de la ville. C’est alors que l’anachorète lui révéla l’objet de sa visite: « Je suis un envoyé de Dieu et je suis venu pour punir les méchants. Quant à vous, quittez immédiatement cette ville mau- dite qui va expier... » La vieille s’en alla dans la nuit, conduite par la volonté du Seigneur, lorsque soudain elle fut prise de re- mords. Pas sa faute, combien de gens allaient périr? Elle voulut leur pardonner mais « une force irrésistible la poussait de l’a- vant ».
Soudain, un éclair aveuglant déchira la nuit et la ville disparut. Une « bonne fontaine » aux vertus miraculeuses, capable de guérir les enfants, venait de surgir à l’emplacement de la cabane de la pauvresse qui, aujourd’hui encore, assiste aux côtés de Dieu au jugement des hommes. On dit que sa clémence et sa clairvoyance ont sauvé bien des âmes!
Puisée avant le lever du soleil, l’eau de source de la fontaine de l’ermite est réputée pour soigner fièvres et affections de la tête. Elle se classe parmi les fontaines « à chiffons » de la Corrèze car on y trouve des linges d’enfants, des pièces de monnaies, des petites croix de brindilles assemblées par des fils...